Oraux de motivation La recette pour réussir les entretiens des grandes écoles

Zoé Ruffy
Publié le 19-05-2025

En bref

  • Après les épreuves écrites, la période charnière des oraux de motivation a débuté dans les établissements du supérieur.
  • Ce passage obligé du processus de sélection de beaucoup d’établissements du supérieur constitue souvent une source de stress pour les candidats.
  • Préparation, posture et erreurs à éviter, les jurés d’écoles de commerce et d’ingénieur distillent leurs conseils pour briller le jour J.
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Réussir son entretien de motivation aux grandes écoles requiert de la préparation. Crédit : Canva

L’épreuve qui fait la différence

La lueur au bout du tunnel. Après des révisions au long cours, le marathon des écrits et parfois, pour certains, deux à trois années de prépa dans les jambes, les candidats aux grandes écoles de commerce et d’ingénieur entrevoient la fin d’une période aussi intense qu’exigeante. Mais une ultime étape se dresse encore entre eux et l’école de leurs rêves : celle des épreuves orales. Si l’entretien de connaissances (langues, sciences, management…) diffère selon les domaines, l’oral de motivation se retrouve, lui, similaire à beaucoup d’établissements. Construit sur le même modèle que l’entretien d’embauche, cet exercice constitue d’ailleurs un premier entraînement avant l’entrée dans le monde du travail. “C’est l’occasion, pour nous, de vérifier des compétences que l’on n’a pas pu évaluer à l’écrit.” Hugues Contant, directeur des admissions à l’EDHEC fait partie des membres du jury de l’école de commerce. Ces “soft-skills” prisés par les examinateurs, portent principalement sur des qualités relationnelles, y compris dans le domaine scientifique. “On cherche des profils techniques, capables d’interagir avec le monde extérieur”, résume Céline Formelli-Bacquet, responsable de la gestion du concours Mines-Télécom à l’école d’ingénieur Télécom Sudparis. Est ainsi évaluée la faculté des candidats à improviser et échanger avec autrui. “Un féru de musique ou de sport, capable de partager sa passion avec le jury, c’est vraiment le candidat pépite,” confie l’encadrante.

Poser les mots pour se définir exige une préparation en amont. Si présenter une idée précise de son projet professionnel n’est pas obligatoire, le candidat doit montrer qu’il a réfléchi avant de se présenter devant le jury. “À l’EDHEC, on s’intéresse aux envies, au parcours du candidat qui l’a mené jusqu’à nous” insiste Hugues Contant, conscient que le projet présenté au moment de l’entretien évoluera durant le cursus. Des interrogations qui nécessitent aussi un travail d’enquête sur l’établissement visé. “Des jeunes se trompent parfois dans l’intitulé du master auquel ils postulent”, regrette Gaëlle Pantin-Sohier, professeure à l'IAE Angers, chargée des recrutements. “Dès les cinq premières minutes de l’entretien, on sait dire si notre école intéresse réellement le candidat.” Il ne s’agit donc pas de parler uniquement de soi. L’étudiant doit prouver aux jurés qu’il connaît les spécificités du cursus, les options proposées au sein de l’école, les partenariats internationaux, ainsi que les associations d’étudiants. Mentionner sa participation à une opération portes ouvertes ou son échange passé avec un enseignant constitue également un atout indéniable. “Tous ces détails prouvent que l’étudiant a été proactif dans ses recherches,” confirme Céline Formelli-Bacquet. La curiosité intellectuelle est aussi valorisée. S'intéresser à l'actualité, qu'elle soit scientifique, économique ou sociétale, témoigne d'une ouverture d'esprit essentielle.

Certaines attitudes peuvent compromettre vos chances lors de l'oral. D’abord, se préparer en amont ne signifie pas apprendre par cœur un texte à réciter. Réfléchir à ses forces et à ses faiblesses, en s'appuyant sur des exemples concrets tirés de son parcours scolaire, de ses stages ou d’un contrat d’alternance, vous sera utile, "à condition de ne pas tomber dans des discours prémâchés que l’on décèle très vite", prévient Gaëlle Pantin-Sohier. Le stress peut également s’inviter à votre entretien, provoquant une désorientation passagère ou des hésitations. Une situation aussi déplaisante qu’habituelle pour les examinateurs. “Nos mots-clefs sont accompagnement et bienveillance, assure Céline Formelli-Bacquet, le but n’est jamais de piéger les candidats.” Pour l’encadrante de Télécom Sudparis, les fameuses questions déstabilisantes, tant redoutées par les étudiants, relèvent souvent de la légende urbaine. “Si un candidat sèche sur une question, il peut tout à fait reformuler et orienter la conversation autrement”, prouvant ainsi sa capacité à rebondir. À l’inverse, la désinvolture de certains étudiants peut agacer le jury. “On a, chaque année, des candidats qui ne prennent pas la peine de lire les consignes,” déplore Fabrice Malartre, interrogateur en géologie et directeur adjoint du concours d'ingénieur G2E (géologie, eau, environnement). Si ce concours ne comporte pas d’entretien de motivation à proprement parler, “le savoir-être est une valeur prise en compte, au même titre que le savoir et le savoir-faire du jeune” prévient l’enseignant. Enfin, l’entretien ne se réussit pas en jouant un rôle, mais en incarnant sincèrement ce que l’on aspire à devenir. “Nous ne recherchons pas de candidat formaté, tant l’école peut vous mener vers des directions différentes, insiste Hugues Contant, en revanche si l’on se rend compte qu’un candidat a menti sur ses forces ou ses objectifs, cela peut être sanctionné.” Et s’il ne fallait retenir qu’un conseil : durant l’épreuve orale, la sincérité restera toujours votre meilleure alliée.

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